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Sarvangasana


L'etymologie : Sarvangasana est une posture de yoga inversée. Son nom se compose de trois mots. Sarva qui veut dire tout, anga qui veut dire membre et asana qui est le mot désignant une posture de yoga. Sarvangasana se traduit ainsi de façon littérale : « Posture pour tout le corps. »

Cependant, la traduction française courante est « debout sur les épaules » ou parfois, d’après le nom utilisé en gymnastique pour une posture similaire, la chandelle.

Origines En tant que posture unique sarvangasana est relativement récente. Elle n’est pas mentionnée dans les textes de source les plus anciens, ni dans le Hatha Yoga Pradipika. Cependant, lorsque les postures de yoga évoluent et que de plus en plus d’importance leurs sont accordées, des descriptions de sarvangasana apparaîssent à l’écrit dans les textes sanskrit du hatha yoga.

Par contre les postures inversées font partie du hatha yoga depuis ses origines. Déjà, dans les toutes premières formulations, qui précèdent le Hatha Yoga Pradipika de plusieurs centaines d’années, figure une posture inversée appelée Vipareeta Karani. Selon la mythologie du hatha yoga, dans cette posture, le flux de nectar d’immortalité est inversé. Au lieu d’être consommé par manipura chakra au nombril le nectar est conservé dans la tête où il assure la jeunesse éternelle.

Une autre inversion, un tapasya, pratique d’austérité encore plus ancienne, consiste à se suspendre depuis un arbre, les pieds vers le haut et la tête vers le bas, pendant des périodes prolongées. En théorie, lors d’une telle pratique le yogi ne produit pas du nouveau karma, mais il brûle du karma ancien.

Pratique de la posture

Sarvangasana est une inversion relativement facile, accessible à la plupart des pratiquants. Elle se pratique « debout sur les épaules », le poids du corps réparti entre les épaules, les pieds dirigés vers le ciel, les fesses rentrées, les rotules tirées vers le corps. Dans la variation la plus courante, salamba sarvangasana, le poids du corps est aussi réparti sur les coudes et les mains soutiennent le dos.

Dans son livre Yoga Tantra et Méditation dans la vie quotidienne Swami Janakananda décrit la pratique de la posture de la manière suivante :

1. Allongé sur le dos, les pieds joints, les jambes tendues, inspirez, retenez le souffle et levez lentement les jambes tendues jusqu’à ce qu’elles forment un angle droit avec le sol. ( Les femmes enceintes doivent rouler dans la posture jambes fléchies. )

2. Basculez les jambes par-dessus la tête, amenez le haut du torse à la verticale et soutenez le dos avec les mains, paumes à plat, le plus proche possible de la nuque, si possible au niveau des omoplates. Les coudes se rapprochent et prennent appui sur le sol.

3. Allongez les jambes et mettez tout le corps à la verticale. Respirez normalement.

Pour sortir de la posture, inspirez à nouveau et retenez le souffle, et abaissez les jambes lentement vers le sol. Revenez ainsi lentement dans la position allongée, en restant conscient de votre colonne vertébrale et en déroulant vertèbre par vertèbre, jambes tendues.

Puis restez allongé immobile un instant et observez votre corps.

En entrant dans la posture, on rencontre parfois une certaine agitation et un désir de quitter la posture. La pression sanguine augmente légèrement lors de l’entrée dans sarvangasana, mais en restant un peu plus longtemps, l’agitation disparaît et est remplacée par une sensation de calme.

Pour un effet accentué, il est possible pour les pratiquants confirmés de retenir le souffle dans la posture. Ceci peut se faire plusieurs fois et est particulièrement indiqué pour guérir un rhume.

Attention : Si le foie, la thyroïde ou la rate sont trop gros, ou si vous souffrez d’hypertension ou de troubles cardiaques, cette posture nécessite l’aide d’un guide expérimenté. Les enfants et les adolescents dans la puberté ne devraient pas pratiquer sarvangasana de manière intense.

Pour des raisons thérapeutiques sarvangasana peut être faite une ou plusieurs fois par jour, mais attendez, comme avec toutes les autres pratiques du yoga, jusqu’à quatre heures après un gros repas. Si vous pratiquez la posture d’une manière isolée, restez immobile sur le dos pendant au moins une minute après. Normalement la posture se pratique dans un programme avec d’autres postures comme par exemple dans le programme classique.

Un débutant reste dans la posture entre une et deux minutes. Les pratiquants confirmés peuvent rester 10 minutes, voir plus longtemps pour un effet en profondeur. Le chakra de concentration dans sarvangasana est vishuddhi, au niveau de la gorge.

Effets de sarvangasana Sarvangasana produit de nombreux effets bénéfiques et compte parmi les postures les plus guérissantes.

La respiration

La particularité de sarvangasana est que le menton se trouve serré contre la poitrine et que la gorge forme un angle avec le corps. Dans le hatha yoga ceci s’appelle jalandhara bandha – le verrouillage du menton. Dans sarvangasana, cette position de la tête oblige le pratiquant à respirer avec le ventre. Ceci lui assure une respiration profonde et peut aider ceux qui ont l’habitude de respirer avec la poitrine à retrouver une manière naturelle de respirer.

Dans sarvangasana, la respiration ventrale masse en douceur les organes internes et les intestins, ceci stimulant tout l’appareil digestif et pouvant aider à réguler la constipation. La respiration ventrale, en les massant, bénéficie également aux poumons. Le poids des organes pousse le diaphragme vers le bas et à l’expiration cela aide à vider plus d’air que d’habitude. Pour les asthmatiques ou les personnes atteintes de bronchite, sarvangasana peut être un complément précieux à un traitement médical classique.

Au cours d’une recherche effectuée en Inde en 1975 les docteurs Udupa, Singh et Settiwar ont découvert qu’une pratique régulière de sarvangasana permettait d’améliorer la capacité à retenir sa respiration et que la circonférence de la poitrine s’en trouvait agrandie, ceci induisant une plus grande capacité vitale (volume d’air expiré après une inhalation pleine).

Stimulation de la gorge Dans sarvangasana les régions de la nuque, de la gorge et du visage sont inondées de sang oxygéné qui nourrit les organes et les glandes de cette zone. Les amygdales par exemple, comme les ganglions lymphatiques qui assurent une protection contre les infections, le thymus et la glande thyroïde bénéficient de cette augmentation du flux sanguin. La glande thyroïde produit des hormones qui influencent presque toutes les cellules du corps et elle régule le métabolisme.

Le thymus et les amygdales sont liés au système lymphatique, élément essentiel du système immunitaire. En les tonifiant, la résistance aux maladies augmente. En règle générale sarvangasana aide à éliminer et à prévenir toutes les maladies dans la gorge et dans le nez, un rhume normal inclus.

La tension artérielle et le cœur Sarvangasana diminue d’une manière directe la tension artérielle en agissant sur le sinus carotidien dans la gorge, récepteur qui régule la pression sanguine. La posture sera donc bénéfique aux personnes ayant une pression sanguine légèrement élevée. Les personnes ayant une très haute pression artérielle devront apprendre la posture progressivement et la pratiquer en l’intégrant dans un programme plus complet.

D’autre part, l’immobilité dans sarvangasana active le système nerveux parasympathique, abaissant le rythme cardiaque, stimulant la digestion et faisant diminuer la tension artérielle. Le système nerveux parasympathique active tous les processus guérissants naturels du corps. Combinée avec d’autres postures de yoga classiques, sarvangasana pourra empêcher qu’une pression artérielle élevée ou faible ne s’installe de façon permanente.

Enfin, en favorisant une plus libre circulation du sang dans les organes vitaux, sarvangasana permet au cœur de se reposer. Pour cette raison elle est utilisée, associée avec d’autres postures et une diète correcte, afin d’ouvrir les artères autour d’un cœur malade.

Un asana utile

Ce n’est pas par hasard que sarvangasana porte son nom. Si vous ne pensez pratiquer qu’un seul asana, cette posture sera un bon choix.

Par Christian Möllenhoff et Olivier Lacoma

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